CHENGDU, 6 décembre (Xinhua) -- Au pied du mont Emei, site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, dans la province chinoise du Sichuan (sud-ouest), le technicien Xie Yunqiang a resserré les cercles métalliques autour d'un nouveau fût de chêne dans une tonnellerie nouvellement ouverte.
Son savoir-faire soutient une présence inattendue à côté, la distillerie de whisky de malt THE CHUAN, construite par le géant français des spiritueux Pernod Ricard. Ensemble, ils façonnent ce qui pourrait devenir la nouvelle région productrice de whisky en Chine, en plein cœur du bastion traditionnel du baijiu (l'alcool blanc chinois).
Pernod Ricard, deuxième producteur mondial de vins et spiritueux et propriétaire des marques Chivas Regal et Martell, a lancé la construction de la distillerie en 2019. Ce projet, qui prévoit un investissement d'un milliard de yuans (environ 141 millions de dollars) sur dix ans, est l'un des paris les plus ambitieux de la société qui mise à la fois sur le potentiel du marché chinois et l'appétit de ses consommateurs pour le Whisky.
La ville d'Emeishan est située à l'extrémité sud-ouest du bassin du Sichuan, avec ses pentes couvertes de forêts denses et alimentées par des sources de montagne riches en minéraux. Son microclimat humide offre des conditions de brassage idéales et enviées pour la fabrication du whisky.
Avec l'essor de THE CHUAN, un pôle industriel local a commencé à se former, générant environ 1,49 milliard de yuans de valeur ajoutée en 2024. L'ouverture de l'usine de fûts de chêne de Jiuzhou, où travaille M. Xie, apporte désormais à la région un maillon manquant essentiel : des fûts locaux pour la maturation, processus responsable d'environ 70% de la saveur finale d'un whisky.
Pour M. Xie, qui a grandi entouré de la culture du baijiu du Sichuan, la fabrication de fûts pour le whisky est un domaine inconnu. Ce nouvel emploi symbolise néanmoins l'extension continue de l'industrie locale du whisky, portée par la coopération sino-française.
THE CHUAN est la première distillerie de whisky de malt établie en Chine par un fabricant mondial de spiritueux. Imaginée par une équipe d'architectes chinois, elle épouse parfaitement les pentes du mont Emei. Elle attire environ 10.000 visiteurs par an, venus découvrir comment les ingrédients chinois et les techniques écossaises se rencontrent.
L'implantation de la production de whisky sur le mont Emei, une industrie très dépendante du terroir, du savoir-faire artisanal et des investissements à long terme, reflète la confiance des investisseurs étrangers dans l'environnement commercial chinois, a déclaré He Yong, secrétaire général de l'Association chinoise des boissons alcoolisées.
Les autorités locales surfent sur cette dynamique. Trois producteurs de whisky et deux entreprises de sous-traitance ont déjà été installés sur place, avec une production annuelle prévue dépassant les 20.000 kilolitres, selon le bureau municipal de l'économie et des technologies de l'information d'Emeishan. Cette croissance attire toute une chaîne de fournisseurs spécialisés et même des services touristiques.
A l'intérieur de la distillerie, THE CHUAN suit les méthodes traditionnelles écossaises, mais adapte la production aux conditions locales. Comme l'a fait remarquer le maître distillateur Yang Tao, l'humidité, les températures stables et les forêts denses de la région permettent d'obtenir un spiritueux "plus doux, plus équilibré et plus long en bouche", un profil qu'il qualifie de distinctement "chinois".
L'innovation s'étend aux fûts. Outre le chêne nord-américain et européen, la distillerie utilise des fûts provenant des montagnes Changbai, dans le nord-est de la Chine, qui offrent une persistance aromatique exceptionnelle, laissant en bouche des notes persistantes d'écorce de mandarine séchée et de bois d'agar.
"Le terroir n'est pas un slogan, c'est une structure en bouche", explique M. Yang.
Bien que son marché principal soit national, THE CHUAN est déjà présent dans plusieurs pays asiatiques. Selon les observateurs du secteur, le profil aromatique d'origine chinoise ajoute un nouvel acteur au paysage mondial du whisky.
Des experts français considèrent ce partenariat comme un nouveau modèle, qui ne se limite pas à la vente sur les marchés respectifs, mais qui consiste à construire ensemble des chaînes d'approvisionnement et à développer conjointement de nouveaux profils aromatiques pour les consommateurs dans le monde entier.
Lors d'une conférence de presse organisée jeudi, le ministère chinois du Commerce a annoncé que les échanges commerciaux entre la Chine et la France avaient augmenté de 4,1% en glissement annuel pour atteindre 68,8 milliards de dollars entre janvier et octobre 2025 et que les investissements bilatéraux avaient augmenté de manière constante et dépassé les 27 milliards de dollars. Fin
